Le gay Paris ...
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Le 10 juin, quelques jours avant l'occupation allemande, l'Oeuvre, dernier théâtre parisien encore ouvert, remboursera le seul spectateur présent dans la salle, mais l'interruption des spectacles sera de très courte durée et, dès le 20 juin, le théâtre George-VI lance un appel aux artistes encore à Paris.
Si, en juillet 1940 – période traditionnelle de relâche – les théâtres parisiens ne font que 55 000 francs de recettes et 523 000 en août contre plus de 2 millions et demi en août 1939, les cinémas et music-halls ne manquent pas de clientèle.
Clientèle mêlée d'ailleurs. Vainqueurs dans une guerre facile, ayant conquis une capitale sans ruines, les soldats allemands font du Gay Paris un but d'excursion et, dès la seconde semaine de juillet, prennent le chemin du Lido, du Casino de Paris, des Folies-Bergère, du Concert Mayol, de toutes ces salles qui, par la plume et la cuisse, prouvent abondamment que « Paris reste toujours Paris »... A leur intention, le Pariser Zeitung a d'ailleurs, publié une « carte spéciale » des établissements et boites de nuit recommandés.
Le Gay Paris en 1940
Gay Paris sous l'occupation allemande
Pour les grandes manoeuvres galantes, Paris est divisé en trois secteurs : Montmartre, Montparnasse, Champs-Elysées. De même, pour leurs achats, on remettra aux soldats le Guide aryen, brochure de 128 pages rédigée en français et en allemand.
Un mois après l'entrée des Allemands à Paris, une réda-ctrice de La Gerbe recense les cabarets où l'on s'écrase: A La Roseraie, pas une place libre... Au Paradis, nous nous retrouvons juchés sur de hauts tabourets, au bout d'un couloir étroit de jambes et de bras... Beaucoup d'uniformes, maintien très digne, tenue impeccable.
Et pendant toute la durée de l'occupation certains journaux parisiens continueront à vanter (contre argent comptant) le chaud décor de tentures rouges de telle boîte, la bonne chère et jolie chair de telle autre.
Lorsque tant de Français ont faim et froid, dans ce cruel hiver 1941, par exemple, ils évoqueront sans dignité ce club où « les murs, rose et or, enclosent précieusement une atmosphère tiède », où « le rayon du projecteur sent l'orange cependant que le tintement de la glace dans les seaux meuble les brefs silences de l'orchestre »...
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